La performance énergétique : un nécessaire besoin de clarification
La notion de performance énergétique intervient à plusieurs niveaux dans des projets visant à réduire les consommations et les impacts associés (économies comptables, émissions de gaz à effet de serre, consommation d’énergies fossiles, etc.) . Cette notion recouvre des définitions et réalités très diverses.
Plusieurs expressions sont fréquemment employées : efficacité énergétique, efficience énergétique, intensité énergétique, performance énergétique.
On évoque également la notion de maitrise de l’énergie, de conservation de l’énergie.
Alors qu’est ce que la « performance » ?
Partons de la définition qu’en donne la norme ISO50001 (paragraphe 3.12) :
energy performance : measurable results related to energy efficiency (3.8), energy use (3.18) and energy consumption (3.7)
Autrement dit, la notion de performance énergétique serait la plus générique : elle englobe des notions de consommation brutes, de quantités d’énergie en lien avec un usage donné, à des ratio d’énergie consommée par unité de service rendu, des rendements de transformation, etc.
Une confusion fréquente vient de la (bonne ou mauvaise ?) traduction du terme anglais « energy efficiency » en « efficacité énergétique ». Pourtant, le terme efficience existe aussi en français et serait sans doute plus approprié.
L’exemple ci-dessous est une proposition de définition.
la confusion n’est pas sans conséquence. Il est courant de considérer qu’un processus qui fait ce qu’il faut est efficace alors qu’un examen plus attentif montre que son efficience est souvent grandement améliorable.
L’intensité énergétique est une notion économique s’intéressant au couplage entre unité de production (au sens C.A. ou P.I.B.) et unité d’énergie nécessaire pour la générer.
La conservation de l’énergie s’attache à diminuer l’énergie utilisée pour un même service rendu alors que l’efficience peut être aussi améliorée en visant une production supérieure par unité d’énergie. Avouons que le distingo est subtil.
La recherche de la performance est bien présente dans la démarche de maitrise de l’énergie mais cette dernière recouvre une notion beaucoup plus large. Maitriser l’énergie, c’est s’intéresser à tout ce qui fait le contexte de la gestion de l’énergie : coûts, formes d’énergie, origines, transformations, mode de production, de transport, vision du cycle de vie des produits avec l’énergie grise, impacts associés, etc.
Il est donc très légitime de s’interroger sur la réalité qui se cache derrière une affirmation telle que : « nous avons amélioré notre performance énergétique de 30% » !
Performance contractuelle, estimée, mesurée
Un autre point important concerne l’origine des données et le mode d’évaluation permettant de construire l’indicateur de performance. Les notions de performance utilisées qans les exemples ci-dessous n’ont clairement pas du tout les mêmes significations.
La RT2012 est une réglementation thermique française qui a pour objectif de limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs. Elle intervient essentiellement au moment de la conception. Les valeurs de performance énergétique utilisées (Cep, Cepmax) correspondent à des valeurs issues d’un calcul réglementaire. Elles sont évaluées d’après les éléments d’un plan d’architecte, des informations relatives aux choix techniques fournis par les bureaux d’étude thermiques et un certain nombre d’hypothèses sur l’usage moyen.
La performance au sens RT2012, évaluée avant toute réalisation, n’a donc rien à voir avec une performance réelle mesurée ! Elle permet de contrôler que les options techniques retenus pour l’enveloppe et les systèmes techniques aboutissent à un projet conforme à la réglementation.
Les écarts entre la performance calculée et la réalité peuvent être importants et ce n’est pas nécessairement choquant. Par contre, comprendre les raisons de cet écart et se donner les moyens de les contrôler fait partie des objectifs du commissionnement
L’ISO 50001 est une norme qui donne les lignes directrices pour développer une gestion méthodique de l’énergie afin de privilégier la performance énergétique.
Comme les normes de la même famille Qualité ISO9001 et management environnemental ISO14001, c’est une démarche d’amélioration continue basée sur la mise en place et l’amélioration d’un système de management.
L’amélioration continue de la performance s’appuie sur le suivi d’indicateurs pertinents. La norme définit la notion d’indicateur et exige un suivi (enregistrement & revue) régulier de ceux ci. Elle n’impose toutefois pas la nature des indicateurs ni l’origine des données qui servent à les construire.
C2€ : Certificats d’économie d’énergie
Les Certificats d’économie d’énergie associent à des opérations standard des économies d’énergie conventionnelles en kWhcumac (cumulées actualisées sur la durée de vie du produit). Les économies générées par le remplacement d’une chaudière par exemple seront évaluées en fonction de la durée de vie moyenne d’une chaudière et du gain de performance moyen apporté par rapport à la génération précédente.
En conclusion
Les notions de performance manipulées dans les projets de maitrises énergétique doivent a minima être clairement définis, partagés et documentés.
Ce qu’il faut retenir est que les économies ou gains de performance annoncés ne correspondent pas toujours à des économies réelles et mesurées.
Un suivi plus réaliste de la performance réelle est donc nécessaire dès lors que l’on cherche à quantifier les économies réelles et à les convertir en valorisation économiques.
Cela devient obligatoire dès lors que des améliorations de performance sont associées à des engagements contractuels. C’est l’objet de la méthodologie de Mesure et Vérification.